"Tu enfanteras dans la douleur" est un film documentaire.
Réalisation : Ovidie, France, 2019.
Documentaire arte.tv à voir jusqu’au 14 juillet 2020.
Documentaire tout à fait éclairant sur les violences obstétricales.
Il donne la parole aux victimes, mais aussi aux professionnels.
Il soulève un problème de fond ; une chaîne de maltraitances, qui débute dans l'organisation des milieux hospitaliers, s'abat sur le personnel médical, et qui finit par se déverser sur ses femmes et enfants au moment de la naissance en maternité.
Pas assez de moyens, de temps, de personnel, de formations. Pas assez de respect, d'empathie, d'accompagnement, d'informations.
Je finis ce reportage en me demandant si finalement, le problème ne serait-il pas inhérent à la médecine obstétricale ? Est-ce que la base du problème ne proviendrait pas de la déconnexion progressive avec notre capacité innée d'enfantement ?
Il est devenu tellement normal d'accoucher à l'hôpital entre les mains de chirurgiens obstétriciens, qu'on s'en remet totalement à eux du début à la fin de notre grossesse, en pensant qu'ils nous accompagneront et nous donnerons la main jusqu'au bout.
Mais ces médecins ne sont pas des personnes de proximités, ils ne sont pas là pour nous donner la main, ils sont là pour effectuer un acte médical de plus sur une patiente de plus dans une journée en plus de leurs carrières de médecins. Ils font leurs jobs. Et ils nous prennent le nôtre.
On a trop vite fait de leur donner la garde du bon déroulement de cet acte basique, fondamentale, primaire qu’est la naissance. Qui d’autre mieux que nous, les femmes, peuvent savoir comment enfanter ? Nous nous sommes dépossédés de notre pouvoir unique et naturel de donner la vie. On nous a tellement habitué à déléguer cette tâche passivement à la sainte médecine souveraine, que nous avons oublié que nous étions maîtresses de nos corps et nos accouchements. Nous avons perdu confiance en notre capacité créatrice et notre force intérieure.
Au grand drame des Féministes émancipatrices, qui revendiquèrent la position de la femme autrement que pour sa fonction génitrice, la femme est biologiquement, physiquement, physiologiquement, constituée pour donner naissance !
Certes certaines ont plus de facilités que d’autres, certes parfois la médecine est utile, et même nécessaire, mais pas dans la majorité des cas !
À la réflexion, je suis plutôt pour une réhabilitation des naissances à la maison avec une sage-femme. Une personne spécialisée et compétente tout de même médicalement, mais qui est là pour accompagner, écouter et aider la femme à accoucher par elle-même, et pas à sa place. À mes yeux, la qualité de l'accompagnement est primordiale, et bien plus influent sur le déroulement, positif ou non, de l'accouchement que l'assistance médicale.
Je pense que les jeunes femmes de ma génération ont un défi de taille à relever.
Nous ne sommes plus au croisement d’un changement, mais bien à l’embouchure. Nous nous situons à un endroit et un moment donné, où tous les savoirs constitués et éprouvés par nos ancêtres nous arrivent et se déversent tous ensemble violemment sur nous. Nous sommes submergées par un flot d'informations anachroniques, désitués, contradictoires et dont nous n'avons pas forcément fait l’expérience nous-même. Nous devons faire le tri dans tous ces combats, ses victoires et ses défaites.
Aujourd’hui, plus que jamais, il me semble essentiel de reprendre le contrôle de nos vies et de celles qui suivront, en commençant par reprendre confiance en ce que nous sommes ; des Femmes.
Nous n’avons certes pas toutes pour vocation et désir la mise au monde d’un nouvel être vivant, mais pour celles qui en ont l'envie ou la pulsion, donnons-nous-en le droit.
Reprenons les commandes de nos capacités de réflexions et de sentir.
Reprenons le pouvoir de nos cerveaux, de nos mains, de nos utérus, nos ovaires, nos ovules, nos trompes, nos vagins, nos cols, nos périnées, nos clitoris, nos lèvres, nos seins, nos ventres, nos yeux.
Changeons de regard sur ce qui semblait évident jusque maintenant, afin d'en finir avec cette position de victime, passive et spectatrice de nos propres corps et vies.
Changeons de regard pour récréer un avenir dont nous serons actrices, actives et maîtresses.
Pour des naissances sereines et naturelles.
« La perception synesthésique est la règle, et, si nous ne nous en apercevons pas, c’est parce que le savoir scientifique déplace l’expérience, et que nous avons désappris de voir, d’entendre et, en général, de sentir, pour déduire de notre organisation corporelle et du monde tel que le conçoit le physicien ce que nous devons voir, entendre et sentir »
Merleau-Ponty, "Phénoménologie de la perception", Paris, Galimmard, 1945, p 262.
J'adoreeeeeee te lire ❤️