Photo prise à mon atelier
Sculpture en plâtre et bloc y-tong : "Paternité apaisée"
Citation : "Je suis fatiguée d'être jouée comme un violon"
Rihanna - "Love on the brain" - Anti - 2016.
Faire de son mieux.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Quelles sont ses limites ?
Faire de son mieux, c’est faire en fonction d’un tas de circonstances externes et internes à nous-même, afin de vivre de façon épanouie à un moment donnée. C’est utiliser les outils à notre disposition pour faire face à un événement, une situation spécifique ou simplement la vie de tous les jours. C’est se servir de nos propres ressources pour prendre les décisions qui nous semblent justes à cet instant.
Faire de son mieux, implique de prendre en compte notre état émotionnel, psychologique et physique au moment présent, mais aussi tout le bagage qui précède ; les cailloux sur notre dos, les boulets à nos pieds, les schémas répétitifs et entravant, ou les enseignements acquis, les valeurs élévatrices, les pensées positives. Pour ceux qui sont dans l’anticipation, il faut aussi penser aux conséquences des actes posés, peser le pour et le contre dans un espace temporel très court souvent, en ne faisant finalement que des suppositions.
Faire de son mieux, c’est personnel.
Faire de SON mieux, ne veut pas dire faire LE mieux.
Faire de son mieux, c’est donné le meilleur de soi-même. Pas le meilleur parmi l’ensemble. Ce qui est “le meilleur” pour quelqu’un ne le sera pas pour une autre.
“Son” est un adjectif possessif, cela veut bien dire que cela nous appartient.
D’ailleurs, ça veut dire quoi “donner le meilleur” en général ?
C’est une notion bien abstraite, une injonction banale qu’on nous jette au visage à la télévision ou sur les réseaux-sociaux, en particulier à l’attention des mères ; encore hier, je me suis retrouvée face à une publicité à la Tv pour une marque de produit à lessiver, qui commençait par la démonstration d’une dame, mère de famille, s’adressant à nous ainsi : "En tant que bonne mère de famille, je veux LE MEILLEUR pour mes enfants ! C'est pourquoi j’utilise…"
Évidemment, on veut toutes le meilleur pour nos enfants. Et c’est sûrement dans cette intention que débute la notion de “faire de son mieux”. Cependant, là où cette pub exemplifie bien l’impossibilité d’un “meilleur” universel, mais bien ça spécificité à chacun, c’est que pour commencer, afin de donner personnellement le meilleur à mon fils, je n’utilise plus ce genre de produits depuis plus de 3 ans !
En devenant mère en 2017, j’ai été confrontée aux problèmes écologiques et très vite investie de la fameuse charge “environne-mentale”. Bien que ma motivation personnelle fût bien plus de l’ordre de la sécurité sanitaire ; le bien-être et la santé. Hors de question de mettre des couches jetables pleines de perturbateurs endocrinien sur les petites fesses vierges de mon fils et encore moins d’utiliser des lingettes au phénoxyéthanol ! Il mettrait sa première couche lavable dès la salle d’accouchement, serait essuyé à la lingette lavable, liniment maison prêt à l'emploi ! Il ne goûterait pas une goutte de lait artificiel provenant d’un quelconque animal autre que moi-même ; la nature m’avait donné des seins et du lait, pourquoi l’en privé ? En plus, c’est gratuit ! Il commencerait à manger solide seulement après 6 mois, et du Bio, sans pesticides, et sera végan, afin de ne pas être accoutumé et dépendant comme moi et son père aux produits animaliers.
Autant vous dire que la plupart de ses challenges donnés à moi-même, par l’image que la société me renvoie, certes, mais par moi-même surtout, (après tout, je suis seule maître de moi-même, hé oui !) se sont pour beaucoup désagrégés au fil du temps, ou ont tout du moins évolués. Il a fallu s’adapter !
Faire de son mieux, c’est ; animé par l’envie de donner le meilleur autour de nous, mettre à l’épreuve notre capacité d’adaptation, à une situation et un environnement, à un moment donné, en puisant dans le meilleur de nous-même.
Tous ces défis que je me suis donnés à relever au cours de ma maternité, je me les suis donnés convaincue qu’en les réalisant, je donnerais le meilleur à mon fils et ma famille. Puis j’ai fait de mon mieux.
J’ai finalement mis des couches lavables à mon fils plus de trois mois après sa naissance, car on n'était pas au point au moment de l’accouchement et qu’on a vite été épuisé et dépassé au retour à la maison, et que ces couches, même en taille nouveau-né, nous semblaient bien trop imposantes par apport à ce petit corps. Alors, les premiers mois, il a porté les couches jetables les plus “clean” possible (recommandées par Test-Achats à l’époque). Et c’était très bien comme ça. Quand on a commencé à s’en sortir et lui mettre ses fameuses CL (Couches Lavables), il est rentré en crèche, et la crèche a refusé les CL... Du coup, il a mis des CL à la maison et des CJ les plus écologiques possible (selon mes recherches de longue haleine, pour faire encore mieux que la première fois) en crèche jusqu’à ce qu’il n’en ait plus besoin. Autant vous dire qu’en étant cinq jours par semaine en crèche, il n’a finalement pas mis beaucoup ses couches lavables... Cependant, nous avons toujours utilisé les lingettes lavables depuis le retour à la maison (gants de toilette à la maternité), en faisant du liniment maison au début, et en utilisant finalement que de l’eau. On les a même adoptés pour nous-même depuis qu'il va aux toilettes, partant du constat que si on le fait pour lui, pourquoi pas pour nous ? (Du coup, on n'est pas concerné par la pénurie de PQ ! ;) cf ; Covid-19).
Il est allaité depuis sa naissance et l’est toujours, car c’est ce qui était le plus naturel, évident et facile pour moi, pour nous. Bien que, le temps passant, je considère de plus en plus à induire le sevrage naturel plutôt que laisser le contrôle total à mon fils jusqu'à la fin. Il a commencé à manger du solide vers 3 mois, et pas 6. Et bien qu’à refaire, je tenterais de tenir bon, sur le moment, j’ai cru bon de suivre les recommandations de ma pédiatre “conservatrice” et cela m’a permis d’espacer un peu les tétées, à un moment où j’étais vraiment épuisée et où j’en avais besoin. Pendant la première année de sa vie environ, il n’a mangé que des repas maison et bio, ou presque. Et fût végan pendant un peu-près deux an. C’était possible tant qu’il mangeait de petites quantités et que cela ne prenait pas trop de temps. Puis grandissant et la dynamique familiale évoluant, il a fallu se réajuster. Ce n’était plus possible de faire plusieurs repas différents tous les jours et ce n’était pas possible non plus financièrement de manger tous bio. Alors, il a commencé à manger les mêmes repas que nous, pas bio, et pas toujours maison quand on n'avait pas le temps ou l’énergie. Mais toujours végan dans un premier temps.
Ensuite la vie en communauté, à la crèche puis à l’école, en famille, avec les amis, à induit petit à petit différentes préparations contenant des produits laitiers ; crêpes, gâteaux et autres bonbons. (Je ne vous parle même pas du sucre !)
Dans notre envie de lui donner le meilleur, ne figurait pas la notion de radicalité ou d’imposition, ni d’exclusion. Au contraire, il était essentiel pour nous qu’il participe aux activités avec ses amis, et si cela passait par une baisse de nos exigences concernant son régime alimentaire, ainsi soit-il ! Il est donc devenu végétarien.
À nouveau, on s'est adapté. On a fait de notre mieux, pour lui donner le meilleur, de circonstances.
Sans oublier mon accouchement que je voulais sans péridurale ni épisiotomie, dans une position physiologique, projet de naissance à l’appui, qui ne s’est absolument pas passé comme prévu.
J’ai eu la totale ; péridurale après 10 h de travail dans une souffrance intense accentuée par une restriction de mouvements dans le lit à cause des monitorings intempestif. Une épisiotomie sanglante suivie de l’extraction de mon fils à la ventouse, dans une position gynécologique standard avec une équipe médicale entre mes jambes de plus en plus grande, à me crier “Chassez mes doigts ! Chassez mes doigts madame !” Avec la vigueur d’un commentateur sportif, alors que je ne sentais absolument plus rien en dessous de la taille ! Cependant, j’ai eu le droit d’aller en baignoire de dilatation, dans une pièce à la lumière tamisée de leds colorés, accompagnée de ma propre musique. La péridurale m’a permis de me reposer avant l’accouchement, ainsi qu’à mon compagnon, qui ne devait plus me soutenir. Nous avons même pu faire une sieste. Je me suis même remaquillé un peu (j'avais envie.). Et quand notre fils est né, je ne me suis pas posé de questions, je ne me suis pas dit qu’on aurait pu faire mieux, parce que sur le moment, nous avons fait en fonction de l’intensité des événements qui se présentaient à nous. Et nous avons “bien vécu” cet accouchement, malgré tous ces retournements.
Et en élargissant, à mes ambitions de parents s’ajoutent ; la motricité libre, l’éducation bienveillante, la non-violence éducative ordinaire, l’absence d’écrans avant de 3 ans, ainsi que de chlore,…
Je crie encore souvent sur mon fils, quand je suis trop fatiguée, que j’ai passé une mauvaise journée, que je suis triste ou en colère, que je subis les variations de mon cycle et de celui de la lune, ou quand j’estime simplement que c’est justifier, s’il se met en danger par exemple.
En ce moment même où j'écris, mon fils est dans le canapé, à regarder un DVD de "Cars", petites voitures à l'effigie du film en mains. On est dimanche. À défaut de réussir à s’abstenir totalement d’écrans, on a décidé de restreindre le moment “dessin animé” au week-end. Les événements, les besoins de la famille et les failles de chacun nous ont menés à cette situation.
Souvent je culpabilise, je me dis que “j’aurais pu faire mieux”.
Puis en y repensant, je corrige, et je me dis que non : “j’ai fait de mon mieux, à ce moment-là” et j’ajoute “je ferais mieux, si je le peux, la prochaine fois”.
La restriction de TV au seul week-end est le résultat d’un lent sevrage initié à la suite d’une overdose de dessins animés durant la période des examens de janvier. Mon conjoint et moi devions étudier tous les deux en même temps, de façon intensive pendant deux semaines. Nous n’avions personne pour s’occuper de notre fils pendant ce temps-là, aucune alternative. Alors, exceptionnellement, on a usé et abuser de la TV.
On a vraiment fait de notre mieux en fonction de ces circonstances très particulières. Et on a toujours gardé à l’esprit qu’on rattraperait le coup après, qu’on ferait mieux la prochaine fois.
C’est pour ça, qu’aujourd’hui, il ne regarde plus que le week-end, et le moins longtemps possible. Il n’est pas demeuré pour autant. Il est toujours en bonne santé. Et nous nous aimons plus que tout.
Par ma propre expérience, j’essaye de témoigner de situations où j’ai toujours eu l’envie et le besoin de donner le meilleur à ma famille, et où selon l’instant présent, j’ai été amenée à faire de mon mieux.
Faire de son mieux, c’est laisser place aux erreurs, tout en cherchant à s’améliorer.
C’est savoir accepter qu’on ne puisse pas tout contrôler, mais qu'on peut trouver des solutions.
C’est savoir s’adapter à un imprévu, et tiré des enseignements de cet événement. Faire de son mieux, ce n’est pas quelque chose de constant et d’inné.
Certains ont plus de facilitées que d’autres, parce qu’ils ont eu des exemples de personnes qui ont toujours fait de leurs mieux, ou au contraire parce qu’ils veulent faire encore mieux que leurs prédécesseurs. D’autres ont besoin d’un coup de pouce, parce qu’ils sont plus fragiles, dépendants, vulnérables.
"Faire de son mieux“ a sûrement ses limites ; celles-ci résident sûrement à l’endroit où chaque personne décide, ou non, d’être acteur de sa vie, ou du moins d'une partie de sa vie. On peut faire de son mieux dans le domaine professionnel, et être négligent dans son foyer. On peut donner le meilleur la semaine, et tout relâcher le week-end.
On est variable et évolutif. En perpétuel changement.
Et surtout, faire de son mieux, dépend de la perception de la personne qui fait de son mieux et pas du jugement des autres.
Si la personne qui agit, qui se met en action, ou même celle qui n’y arrive pas, mais qui le voudrait plus que tout, est persuadée qu’elle fait de son mieux, qu’elle en est convaincue au plus profond d’elle, alors, je pense qu’elle a fait de son mieux. Si le doute persiste en elle, si elle pense avoir failli à sa tâche, pouvoir s'améliorer, ne pas avoir agi de façon appropriée, alors peut-être qu'il est possible de faire mieux. Même si je pense, qu'à chaque étape, on fait de son mieux, et à celle d’après, on fait encore mieux. Car j’ai foi en l’humain et sa volonté de s’améliorer. Même quand on est faible, même quand on n'a pas les ressources optimales, on fait de son mieux, avec ce qu’on a ou pas.
C’est pourquoi le jugement des autres est un vrai poison vers le “meilleur de soi”. Parce qu’à chaque fois que quelqu’un nous dit ; “tu aurais dû faire comme ceci ou comme cela” ; “À ta place, j’aurais fait ainsi”, on se juge nous-même et on rouvre la porte de la culpabilité, même si on était persuadé d'avoir fait de notre mieux. Et plus le jugement est fort, plus il est destructeur. Car il touche celui qui veut bien faire dans son estime et lui fait perdre confiance en lui, et sans cela, impossible de faire de son mieux, puisqu’on n'est jamais assez bien nous-même, et qu'on ne fera jamais assez. Le “Jamais assez” est l’ennemi du “Fais de son mieux”.
Il est nécessaire d’apprendre à se protéger des jugements intrusifs.
Parce qu’il y aura toujours quelqu’un pour te juger. Quelqu’un pour te dire ce que tu dois faire, ou que lui-même fait mieux que toi. Moi-même, j'ai constaté ces jugements et je les ai posés. Je le fais encore.
Quand j’ai choisi que les couches lavables étaient le meilleur pour mon enfant, j’ai jugé celles qui mettaient des jetables. Puis quand j’ai cherché plus loin, je me suis rendu compte que CL ne voulait pas dire écologique. Que certaines mères lavaient leurs couches avec des lessives classiques pleines de crasses, alors que moi, j’utilisais exprès une lessive basique et maison au savon de Marseille. Alors à nouveau, j’ai jugé. Puis je me suis rendue compte que les couches elles-mêmes pouvaient quand même contenir des crasses, parce que pas bio, à base de textiles surproduits, composés d’OGM, … Alors je me suis jugée et dit “mais ce n’est pas bien du tout en fait, t’as pas fait assez de recherches, ..." Puis j’ai conclu que le mieux, c’était les couches en coton bio, avec des sure-couches en laine, pas en plastique ! Sauf que la laine, ce n’est pas végan. D'ailleurs les végans, ils utilisent pleins de plastique dans leurs textiles, recyclé certes, mais qui passe quand même dans l’organisme. Du coup, dans tout ça, ce n’est pas parce que c’est végan, que c’est “safe” ? Que c’est “safe” que c’est écolo ? Que c’est écolo, que c’est bio ? Que c’est bio, que c’est économique ? Et ainsi de suite. Branlette morale bonsoir !
C’est toujours possible de faire ou trouver mieux, mais la perfection est inatteignable.
En tout cas, celle que tu vois chez les autres.
Si tu veux te mettre des objectifs à atteindre, alors trouve-toi ta propre perfection ; modulable, mouvante.
Celle qui te servira de moteur et pas de matraque.
Celle qui te permettra de faire de ton mieux, dans la cohésion et la sérénité.
Félicitation petit colibri ❤️