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  • Photo du rédacteurMOTHER MOÏRA

BILAN DE RÉSIDENCE #2 :

Dimanche 25 septembre 2022


Déjà un mois depuis la dernière fois que j’ai écrit dans ce journal. Et deux semaines que je ne tiens même plus à jour mon projet journalier de « Charge mentale arc-en-ciel ». La semaine passée, j’ai posté plusieurs vidéos de reportages domestiques sur Instagram, mais je n’ai toujours pas fait et posté la dernière partie.


Mon job me prend tout mon temps. Quand je ne travaille pas, je m’occupe de mon fils, de la maison, de mon amoureux, de moi. Et c’est déjà bien. Mais je suis terriblement déçue que l’élan créatif instauré au début de ma résidence en juin se soit essoufflé si vite. Je pense à créer tous les jours, mais je n’arrive vraiment pas à trouver ni le temps, ni l’énergie.

Je regarde mon bel espace blanc et je suis frustrée de ne pas le voir évoluer. Où est passée mon ambition artistique ? Balayée dans un coin de la pièce entre les jouets et les restes tombés de la table, entre une liste de course et mon planning de travail, entre une lessive et un lave-vaisselle, entre en atelier et un formulaire pour le Babibar. Pas pour moi.


Je finis de lire la newsletter des arts plastiques contemporain de septembre. Il y a un an, je la scrutais à la recherche de prix auxquels candidater et je faisais des allers-retours entre l’imprimeur et la poste pour envoyer mes propositions. Ce matin, je les regarde avec tristesse, me résignant à me dire qu’il est peut-être temps d’accepter que mon temps soit passé. Que les choix que j’ai faits en un an ont orienté le reste de ma vie non-artistique pour de bon. J’ai bientôt 29 ans. Beaucoup de candidatures se clôturent à 30 ans. J’ai trop traîné. Pourtant, il y a un an, j’enchaînais deux expositions avec ma merveilleuse MArTRESCENCE. Il y a un an, je recevais mon premier prix artistique à l’académie. Est-ce le dernier ? Ma sculpture est toujours à l’usine, démantelée, je ne sais pas si elle est toujours au même endroit et dans le même état. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner depuis. Que s’est-il passé en un an ? En 3 mois ?

J’ai commencé à travailler. Le travail. Le « vrai ». Celui qui rapporte de l’argent, qui fait vivre, qui permet de louer une maison, payer les factures, acheter à manger et nourrir la famille. Le travail alimentaire a tué ma vocation. Parfois, je me satisfais en me disant qu’il la nourrit aussi, je regarde la naissance de mon projet d’atelier d’artiste-mère au Babibar et je me dis que c’est peut-être ça qui va me nourrir, que c’est peut-être ça ma vocation, qu’il n’y a que là-dedans que je trouverais vraiment du sens. Mais quand même, je crée encore des choses pour les autres, que je n’arrive même pas à appliquer à moi-même. Je ne me sens toujours pas vraiment légitime. Quelle expérience d’artiste ai-je à offrir ? J’ai de belles idées, des références inspirantes, mais je n’ai pas la pratique. Je n’ai pas le vécu, seulement un échantillon. Je ne suis experte en rien. Je n’ai que des morceaux de compétences, rien d’aboutit. Pourquoi faut-il trimer à des choses plus ou moins satisfaisantes pour subsister ? Pourquoi ne peut-on pas juste faire ce que l’on aime sans risquer la précarité ?

Évidement, j’ai envisagé la piste du « tout arrêter et ne faire que de l’art », mais comment ? Si j’arrête de travailler, même si Olivier travaille maintenant, on ne sortira jamais de notre 30 m2 et on manquera quand même de place pour travailler. Pour avoir l’espace dont on a besoin, nous sommes contraints d’avoir deux salaires, et encore, quand notre loyer aura augmenté, on sera de nouveau en mode survie. Finis les petits plaisirs sans risquer de compter les pièces en fin du mois.

Comment font les autres ? Comment font ses femmes qui ne font que créer ? Est-ce toujours des femmes de ? Des femmes d’hommes qui gagnent bien ? Est-ce qu’elles ont aussi des boulots à côté ? Est-ce que ce sont d’office des personnes avec des modes de vie alternatifs ? Vie en communauté, activités sociales multiples,… ? Tout le contraire de moi.


Aujourd’hui, ce matin, j’ai du mal à trouver l’espoir. Je suis envahie par le pessimisme. Surement qu’une fois que mes règles seront arrivées, ça ira mieux. Est-ce seulement l’écho des cris de mon utérus souffrant d’avoir à nouveau failli à sa tâche d’enfantement ce mois-ci ? L’ovulation a échoué, il est temps de laisser mourir le nid. Tout à fait volontairement, dois-je le préciser. À la différence de mon cycle menstruel, ma vie entière ne recommencera pas, du moins, pas de mon moi conscient de maintenant. La vie, c’est des cycles, oui. Mais je ne veux pas louper celui-ci. Je suis perdue, triste et démotivée. Il faut que je me remotive, que je crée.

Bon, je vais arrêter ça.

Écrire mes vœux pour la nouvelle lune, allumée une bougie, et décrocher ma charge mentale arc-en-ciel pour la coller au mur, ce sera plus productif que de devoir monter sur la table tous les soirs, même si j’aimais l’idée. Soyons efficace.

Après, je ferais la partie 2 de la partie 2 de mon dernier reportage domestique, je ferais des post Instagram, et si j’ai encore un peu de temps, peut-être que je jouerais au Sims, et que j’éteindrais les dessins animés, et que je ferais à manger, et la vaisselle, et la lessive, et ranger le salon, et nettoyer la douche.

Enfin, la vie quoi.


Ah, et en plus, il a faim maintenant. Et moi aussi.


Note à mes employeuses : Je ne vais pas vous quitter, mais c'est important que je montre sans filtres les moments de découragement aussi, qui font partie de la vie, et de l'art. ;)




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